Le Shotokan-karaté-Do

Le Shotokan-karaté-Do.

 On a souvent considéré, peut-être a tort, que le style Shotokan présentait un karaté dur et puissant, avec des positions très basses et très fortes. Hors, il suffit de se déplacer dans le temps de cette école pour se rendre compte qu’il en n’a pas toujours été ainsi.  

Comme on peut le voir sur des photos de FUNAKOSHI Gichin datant des 1ères décennies du 20ème siècle, le karatéShotokan, c’est le nom que l’on donnera au karaté du Maître, se pratiquait avec des positions relativement hautes.

   

Puis, au fil des années la pratique de ce dernier évolua, et sous l’influence de son fils (Yoshitaka ou Gigo) à l’époque de la deuxième guerre mondiale, l’école Shotokan (ou Shotokan-ryu) pris une forme plus longue et plus solide dans ses positions (des appuis forts et puissants ou le centre de gravité est maintenu bas) et dans ses déplacements.

La forme du Shotokan s’était donc modifiée avec le temps et les circonstances (période de guerre où l’espérance de vie étant courte, l’efficacité de la pratique primée sur la protection physique des pratiquants dans le temps), vers un ensemble de techniques plus contraignantes visant à rendre le karatéka plus fort et donc plus dangereux. Cependant, il semble raisonnable de croire que si une école a connu à un moment de son existence certaines modifications, elles ne sont qu’une partie de cette dernière et ne peuvent en changer ni la forme, ni le fond, car on assisterait alors à la création d’une nouvelle école.

Le Shotokan puise ces racines dans deux styles antiques de karaté, le Shorei-ryu et le Shorin-ryu, complémentaires dans le sens où « le premier met l’accent sur le développement de la force physique et de la puissance musculaire et le second est très léger et très rapide, avec des mouvements très prompts vers l’avant et vers l’arrière qui ne sont pas sans rappeler le vol vif du faucon » FUNAKOSHI Gichin  « Karatédo kyohan » (livre testament  du maître)

L’on peut comprendre alors aisément que cette école puisse développer, de par  ses origines et son histoire, des techniques et une pratique adaptables à chacun, jeune ou plus agé, rapides et légeres ou fortes et puissantes.

Si, en s’adressant à un public de jeunes hommes ou de jeunes femmes, on leur demande de « s’asseoir » sur des positions relativement basses, c’est dans le but de leur faire prendre conscience de l’importance des jambes et surtout de les amener non seulement à muscler ses dernières, mais aussi à travailler leur résistance afin qu’ils forgent leur mental !

En avançant dans l’âge, les efforts demandés ne peuvent être les mêmes, même si le travail des appuis et  des muscles jambiers demeure important, comme il l’est dans la vie de tous les jours. Ne dit-on  pas lorsqu’on soulève un poids, qu’il faut le faire avec les jambes ?

Ces dernières nous relient à la terre, mais nous permettent aussi de tenir debout, position déterminante pour l’Homme. Elles sont la base sur laquelle s’appuie et se construit notre nature humaine. En prenant l’image de l’arbre, elles sont nos racines qui conduisent l’énergie de la terre vers le cœur de l’arbre, le seika-tanden ou hara (lieu situé en dessous du nombril où doit se trouver le centre de gravité)

Le fond du karatédo, au de-là de la forme réside surtout dans l’efficacité des techniques, tant au niveau de l’autodéfense que du bien être corporel, et  dans l’esprit qu’il donne à son adepte. Par un travail sur la maîtrise du geste, du souffle et de la pensée, il lui offre aussi les moyens de se diriger sur les chemins de l’épanouissement personnel.

C’est ainsi, que le Shotokan-ryu, donne les moyens de former un corps et un esprit prêts pour tous les combats de la vie, ou du moins pour un bon nombre de combats. Mais il doit permettre aussi  au pratiquant de le guider sur le chemin de la voie (michi) qui ouvre à une évolution personnelle et intérieure où les sens de la vie touchent à l’essence de l’Art.

« Le karaté est une école de la vie » Taiji KASE (Maître de Shotokan-ryu)